Poutchkine avec T, Glucksmann avec un grand C…
Quoi qu’il
en soit, ARTE présenta donc hier soir, 12 octobre, un reportage simple, bien
fait et honnête sur ce que vivent les journalistes en général, particulièrement
en province, confrontés aux petits magnats-malfrats locaux, à leurs sbires et à
leurs acolytes de la milice. Ces derniers, solidement acoquinés et soudoyés,
s’activant surtout à ne pas démasquer les auteurs d’agressions et de meurtres.
En
conclusion de cette série de reportages, voilà qu’apparaissent à l’écran les
deux inévitables polichinelles de notre conscience démocratique : Alain
Ménard et André Glucksmann. Le premier, très imbu de la crédibilité qu’il pense
avoir encore, le second hoquetant sa hargne comme à chaque fois que l’on traite
de la Russie, des Russes et de leur culture. Avec ces deux là, ce n’est pas un
débat, mais un réquisitoire digne des procureurs de Staline, ou plutôt de
Trotsky dont nos deux hérauts de la démocratie se revendiquaient lorsqu’ils
montaient aux barricades, avant de monter aux plateaux de télé.
Conclusion
plaisante de Glucksmann, avec son grand C : Politkovskaya a subi le même
sort que celui de PouTchkine, si si le poète avec un grand T comme il le
prononce, celui qui osa dire la vérité au Tsar, et fut victime d’un complot
ourdi au « Kremlin », nous dit-il. Le Kremlin de Moscou, s’entend, quand le siège
du pouvoir était à Saint-Pétersbourg…
Quiconque a
lu une biographie de Pouchkine apprend que l’écrivain bénéficiait de la
protection personnelle de l’Empereur Nicolas I. Et que s’il y eut soupçon de
complot, c’eût été dans l’entourage du ministre de l’intérieur, Arakcheev, et
d’une sorte de camarilla homosexuelle centrée autour de l’Ambassadeur de
Hollande, van Heeckeren. Voir à ce sujet l’enquête très fouillée de Bernard
Kreise publiée par « Bibliothèque Ombres », en préface de la lettre
qu’adressa le poète Joukovski aux parents de Pouchkine, pour leur reporter les
derniers instants de leur fils. Un chef d’œuvre.
Glucksmann
aussi est un Chef d’œuvre, avec un grand C, quoique légèrement aveuglé, mais
étonnamment incontournable dans les « débats ».