Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

forcément coupables

16 novembre 2006

Redeger et à la liberté d’expression

Ce 15 novembre 2006 s’est réunie à Toulouse la fine fleur de l’élite intellectuelle française, en soutien au professeur Redeger et à la liberté d’expression. Pour mémoire, Redeger avait publié un texte comparant le Coran à un «livre de haine d'une inouïe violence» et qualifiant le prophète Mahomet de «pillard, massacreur de juifs et polygame». Soit…

Côté fine fleur, les indispensables étaient Bernard Henri Lévy, Claude Lanzmann, Arié Bensemhoun, le représentant toulousain du Comité représentatif des institutions juives de France (CRIJF), Bruckner et Finkelkraut. Rien que des indiscutables. Glucksmann était excusé.

Citations :

«Tout individu doit avoir le droit de blasphémer. La liberté d'expression ne se négocie pas»

«C'est une tradition locale de blasphémer. Il ne faut pas s'en passer.»

«Nous, citoyens de ce pays, devons relever la tête face à la peur»

«Redeker avait le droit de tenir ces propos dès lors qu'ils restent dans le cadre de la loi républicaine contre le racisme ou la diffamation».

"Cet homme (Redeker) est une grande voix que l'on veut faire taire, une lumière que l'on veut éteindre"

"Cette soirée pour la loi et le droit républicain pour la liberté d'expression"

"Le droit républicain doit régner en France."

Et ainsi de suite…

Il était temps que ces intellectuels se manifestent enfin. Car ils étaient malencontreusement absents lorsque la raillerie d’un colon extrémiste israélien avait valu une volée d’insultes, condamnations, et surtout de procès bien républicains à un sombre humoriste français.

Publicité
Publicité
9 novembre 2006

Rumsfeld en justice ?

Le 18 octobre, nous écrivions qu’il avait fallu de l’inconscience à Bush et son proche entourage pour signer le Military Commission Act 2006.

…quelle inconscience a-t-il fallu au Président des Etats-Unis, et à son proche entourage, pour élaborer, signer et mettre en application une telle loi…

Ceci dans l’hypothèse où les actuels responsables de l’administration américaine auraient à répondre un jour, peut-être, des exactions commises.

Voici un communiqué de l’Agence France-Presse en date du 8 novembre 2006, à l’annonce de la démission forcée de Rumsfeld.

Rumsfeld peut maintenant être poursuivi en justice pour torture

Washington

La démission du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld le rend vulnérable à des poursuites judiciaires pour son rôle dans la torture, a estimé mercredi une association d'avocats défendant des détenus de Guantanamo (Cuba).

«Il a été l'un des architectes du programme américain de torture. Et pour cela je suis vraiment content de le voir partir», a déclaré à l'AFP Michael Ratner, président du Centre pour les droits constitutionnels (Center for Constitutional Rights - CCR).

«C'est lui qui a autorisé toute une série de moyens de torture à Guantanamo, de l'utilisation des chiens à l'humiliation sexuelle (...). Ce type est mouillé jusqu'au cou dans l'autorisation de la torture», a-t-il ajouté.

Le CCR et plusieurs organisations de défense des droits de l'homme s'apprêtent à déposer une plainte pour torture contre M. Rumsfeld et d'autres devant un tribunal allemand, au nom du principe de juridiction universelle, qui avait notamment permis les poursuites contre Augusto Pinochet en Espagne.

Reste à espérer...

27 octobre 2006

60 ans de liberté -dont de presse- pour en arriver là, c’est douloureux.

Revenons, au grand C, celui de GluCksmann. Le philosophe, l’essayiste, dont la réputation n’a rien de surfait, puisque comme lui B-H Levy et Alain Finkelkraut disposent d’une renommée parfaitement fagotée.

Philosophe et essayiste, soit, la France a besoin de ses/ces intellectuels qui font le rayonnement des Lumières. Mais pourquoi, doux Jésus, Grand C est-il présenté et marionettisé comme spécialiste de la Russie? Passant sur une radio complaisante il y a quelques années, il affirma sans férir ni sans être contredit que la Russie n’avait jamais fait que piller la culture occidentale… Sans doute pensait-il à PouTchkine ?? 

Il est ces derniers temps de tous les débats sur la Russie, l’Ami de Politkovskaya -qui n’est malheureusement plus là- pour le soutenir dans son combat héroïque et acharné contre le monstre russe et son président sanguinaire. Antenne 2, Arte, et hier jeudi BFM, la radio des grands débats « nécessaires mais difficiles ».

Tout son credo tient en quelques mots : les Russes sont des sauvages justes bons à massacrer d’innocents tchétchènes, et ce credo est désormais agrémenté de la considération suivante jetée hier sur antenne, selon laquelle 50% de la population russe et composée d’une plèbe inutile qui, pour les hommes, sombre dans l’alcoolisme, pour les femmes dans la prostitution.

Voilà qui est bien insultant, mais cette bave ne souille que ses lèvres et sans doute le micro qu’on lui tend.

Ecoutez-le, sur BFM http://www.radiobfm.com/index.php?id=pagesearch&tx_radio_pi9[emission]=6.

En terme de spécialiste, le poly-philosophe essayiste ne développe ni argumentation ni analyse, rien n’établit sa connaissance du sujet, hors sa hargne. Quelque sujet qu’il aborde dans le prurit russe, c’est le sabre entre les dents, sans discernement.

Pour lui faire la claque et le draper, Hélène Blanc n’est jamais loin pour l’accompagner dans ces assauts, avec un certain semblant d’analyse et des connaissances heureusement plus élaborées. Hier jeudi, BFM leur avait adjoint François Roche, qui montre dans ce débat qu’il est plus un adepte de la tronçonneuse que du bistouri quand il prétend analyser ce qui détermine le devenir de la Russie. Malgré quelques pépites méritoires dans sa revue Russia Intelligence, qui alimente la vraie élite de nos sociétés (sociétés au sens commercial).

Alors quoi ? Rien. A ce degré, ce n’est plus grave. Mais l’une ou l’autre question :

  1. Y a-t-il débat lorsque 3 spécialistes autoproclamés s’érigent en tribunal, goupillonnent l'anathème des vrais démocrates? Comme le célèbre et regretté procureur de Staline, VICHYNSKI ? Sans contradiction aucune ? Sans redouter mensonges et raccourcis?
  2. Ceux qui pratiquent ce journalisme veulent en venir où, à quoi et pourquoi?
  3. Que faire de GluCksmann ? Voilà un grand débat, de chaque jour de la semaine, ou presque. Là, Noëlle Lenoir n'y suffira pas.

Soixante ans de liberté -dont de presse- pour en arriver là, c’est douloureux quand même.



19 octobre 2006

"Spell Your Name", du réalisateur ukrainien Sergueï Bukovsky.

Pour le lancement de ce film, une incontestable pointure de notre culture occidentale a été dépêchée à Kiev: Steven SPIELBERG. Une opération de promo comme une autre.

L’incontestable pointure, retrouvant au passage ses racines ukrainiennes, y fait une déclaration que reprenaient ce matin, sans bémol, les antennes de la radio belge francophone (RTBF) : « l’holocauste n’a pas eu lieu qu’en Allemagne et en Pologne, mais aussi en Ukraine et en Russie. »

En Ukraine soit, les massacres de Babi Yar sont une des plus sombres réalités de la seconde guerre mondiale.

Mais en Russie ? L’holocauste, soit l’extermination des populations juives (et accessoirement tsiganes et slaves) aurait-il été partiellement perpétré sur le territoire russe? Par des Russes ? Etrange et grave accusation. Ou Spielberg étend-il l’holocauste aux exterminations commises par les bolchéviques à l’encontre des aristocrates, bourgeois, religieux, paysans agriculteurs ? Celles qui n’ont jamais remué beaucoup de consciences…

Confusion ou réécriture de l’Histoire ?

Ce qui est commode, avec la Russie et les Russes, c’est qu’on peut leur attribuer quantité de méfaits, sans risque d’être contredit. Et sans nuire à la promo que l’on a entreprise, ça c’est fondamental.

18 octobre 2006

Military Commission Act 2006.

L’annonce de la signature de cette loi fait un peu de bruit. Bien moins que s’il elle eût été signée par un ennemi désigné de la Démocratie, la Vraie, la Nôtre.

Les commentaires s’accompagnent d’un florilège d’euphémismes, comme « interrogatoires musclés » ou « les méthodes agressives d'interrogatoire » ; au pire les journalistes évoquent-ils des méthodes  « assimilables à de la torture ». Ils évoquent aussi le « vide juridique » quant à l’absence de  recours les détenus, parmi lesquels figure l’inévitable « tête pensante » des attaques du 11 septembre, le bien nommé et très opportun  Khalid Cheikh Mohammed qui garnit admirablement le sujet. Il est non seulement Mohammed, mais aussi Cheik, il fait parfaitement l’affaire.  Pas besoin de sa photo pour comprendre qu'il est barbu et hideux.

Mais tout cela est secondaire. Car enfin, quelle inconscience a-t-il fallu au Président des Etats-Unis, et à son proche entourage, pour élaborer, signer et mettre en application une telle loi ? Imaginons qu’un jour le peuple américain, pris de doute, suspecte ses dirigeants actuels quant à de sombres machinations, stratégies, plans, participation à des complots. Reproche à cette équipe une politique nuisible à la Nation ? Ou plus simplement se préoccupe d’élucider ce qui s’est passé avec ces Twin Towers et la tour N°7? Verrons-nous George et Jebb Bush, Rumsfeld, Pearle, Wolfowitz, ces gens qui constituent le dernier rempart pour notre avenir, détenus dans des centres secrets, passer du rôle d’acteurs à celui de victimes, aux mains d’agents zélés usant de méthodes « assimilables à de la torture ». Et confrontés, esseulés, à des tribunaux militaires, au « vide juridique » quant à leur arrestation et leurs conditions de détention ?

Dieu nous préserve d’un tel scénario : nous devrions alors, portant nos valeurs démocratiques toujours vives et bien enracinées, leur porter secours en pistant des avions secrets à travers la planète. Nous en aurons le courage, certes, mais en aurons-nous les moyens ?

Publicité
Publicité
16 octobre 2006

Deux destins du monde du journalisme

Deux destins du monde du journalisme se sont télescopés, tragiquement, ces derniers jours.

Celui d’une journaliste russe froidement abattue dans son immeuble, par un individu qui ne lui a laissé aucune chance.

Celui d’un journaliste anglais, Terry Lloyd, dont on sait maintenant qu’il fut blessé lors d’un échange de tirs en Irak, puis froidement achevé par un valeureux soldat US libérateur de l’Irak.

Dans le premier cas, l’émotion populaire démultipliée par l’émotion médiatique dénonce largement le coupable: un président aux tendances totalitaires, qui a mis en place un système meurtrier pour la libre expression. C’est une hypothèse, qui par ailleurs tient mal la route, car le pouvoir central avait tout à perdre dans cet assassinat.

De l’autre côté, l’auteur est connu, ainsi que l’autorité à laquelle il appartient : et l’émotion populaire inversement proportionnelle, réduite à peu de chose par l’absence d’émotion médiatique.

L’important dans ces deux cas, si l’on suit cette logique, n’est pas le journaliste, sa valeur éthique et la perte que cause sa mort à la démocratie..

L’important dans cette logique est l’usage que l’on fait de la victime pour accuser, et atteindre, la cible.

12 octobre 2006

Poutchkine avec T, Glucksmann avec un grand C…

Très belle série de reportages, sur ARTE, à l’occasion de la soirée en hommage à la journaliste Politkovskaya. Désormais journaliste martyre du régime poutinien, avant même que l’on n’ait l’ombre d’une idée sur les commanditaires possibles de cette criminelle lâcheté.

Quoi qu’il en soit, ARTE présenta donc hier soir, 12 octobre, un reportage simple, bien fait et honnête sur ce que vivent les journalistes en général, particulièrement en province, confrontés aux petits magnats-malfrats locaux, à leurs sbires et à leurs acolytes de la milice. Ces derniers, solidement acoquinés et soudoyés, s’activant surtout à ne pas démasquer les auteurs d’agressions et de meurtres.

Bien sûr on en déduit que ces journalistes ont un courage mêlé d’abnégation, et que la Russie a bien du chemin à faire pour rendre à leur profession l’efficacité et le respect qu’elle mérite, et la sécurité dont elle a besoin pour exercer et s’améliorer. Certes les journalistes ne peuvent mener leur mission dans ce mélange malsain, intimidations des puissants d’une part, convictions courageuses d’autre part, dans une disproportion de moyens qui rend le combat très inégal.

En conclusion de cette série de reportages, voilà qu’apparaissent à l’écran les deux inévitables polichinelles de notre conscience démocratique : Alain Ménard et André Glucksmann. Le premier, très imbu de la crédibilité qu’il pense avoir encore, le second hoquetant sa hargne comme à chaque fois que l’on traite de la Russie, des Russes et de leur culture. Avec ces deux là, ce n’est pas un débat, mais un réquisitoire digne des procureurs de Staline, ou plutôt de Trotsky dont nos deux hérauts de la démocratie se revendiquaient lorsqu’ils montaient aux barricades, avant de monter aux plateaux de télé.

Conclusion plaisante de Glucksmann, avec son grand C : Politkovskaya a subi le même sort que celui de PouTchkine, si si le poète avec un grand T comme il le prononce, celui qui osa dire la vérité au Tsar, et fut victime d’un complot ourdi au « Kremlin », nous dit-il. Le Kremlin de Moscou, s’entend, quand le siège du pouvoir était à Saint-Pétersbourg…

Quiconque a lu une biographie de Pouchkine apprend que l’écrivain bénéficiait de la protection personnelle de l’Empereur Nicolas I. Et que s’il y eut soupçon de complot, c’eût été dans l’entourage du ministre de l’intérieur, Arakcheev, et d’une sorte de camarilla homosexuelle centrée autour de l’Ambassadeur de Hollande, van Heeckeren. Voir à ce sujet l’enquête très fouillée de Bernard Kreise publiée par « Bibliothèque Ombres », en préface de la lettre qu’adressa le poète Joukovski aux parents de Pouchkine, pour leur reporter les derniers instants de leur fils. Un chef d’œuvre.

Glucksmann aussi est un Chef d’œuvre, avec un grand C, quoique légèrement aveuglé, mais étonnamment incontournable dans les « débats ».

11 octobre 2006

40 millions de raisons pour rouler vite

Intervention déterminante, ce midi sur les antennes d’Europe 1, du président de l’association 40 millions d’automobilistes. En cause, la montée en puissance des adversaires de l’automobile, mais aussi et surtout ces insupportables limitations de vitesse en ville, à Paris en l’occurrence.

Cet éminent président et lobbyiste argumente très bien que la vitesse ne nuit en rien: une forte proportion de piétons tués en ville le sont en circulant sur les trottoirs, donc par des véhicules dont les conducteurs on perdu le contrôle. Si l’argumentation vous échappe, continuez.

Une autre proportion significative d’écrabouillés sont des personnes en état d’ébriété. Sans doute zigzaguent-elles trop vite. Si l’argumentation vous échappe, continuez…

Mais le pire, ce sont les vieux, qui sont vraiment incontrôlables, certains rebroussent même chemin au milieu des passages piétons, pour des raisons incompréhensibles, et perturbent gravement la circulation automobile. Et succombent non à l’automobile, mais à leur incapacité à s’orienter au milieu des flots de véhicules.

Ce n’est donc pas un problème de voitures, encore moins de vitesse, mais un problème social, dit-il. Il faut garder les vieux à la maison, ou alors, les lasser se déplacer, mais accompagnés.

Ce Monsieur se nomme René QUEFFELEC, si vous avez une cause à défendre, contactez-le, il est imbattable : http://www.40millionsdautomobilistes.com/index.asp.

 

9 octobre 2006

Politkovskaya: in memoriam

Voilà donc la journaliste Anna Politkovskaya exécutée dans le hall de son immeuble.

Le soir de cet assassinat, j’annonce à mes amis russes -de passage à Paris- ce qui est arrivé dans l’après-midi à Moscou : Politkovskaya a été assassinée!

Mes visiteurs se regardent. Qui ?? Politkovskaya ? Ils se consultent, ce nom ne leur dit pas grand-chose. Ils connaissent Alexandre Politkovsky, présentateur de télé réputé. Ah- c’est donc son épouse. L’un de mes interlocuteurs explique aux autres que oui, Politkovskaya s’était distinguée par des prises de position aventureuses sur les affaires tchétchènes, sur les prises d’otages au Nord-Ost, à Beslan. Lorsqu’elle avait tenté de s’imposer comme médiatrice.

Ces amis russes dont je vous parle, ce sont des sexagénaires, industriel, médecin, directrice de clinique ; tous établis à Saint-Pétersbourg, ils sont très attentifs à l’évolution de leur pays, de la société russe, et tiennent des propos très acerbes à cet égard.

Mais dans la mort de Politkovskaya, ces gens éclairés, attentifs et critiques face aux médias russes, déplorent l’assassinat d’une journaliste, pas la perte d’une journaliste émérite, courageuse et indépendante, comme la dépeint la presse occidentale. Ses prises de position, très appréciées et promotionnées par les médias occidentaux, ne faisaient aucunement l’unanimité, bien au contraire. Elle se distinguait par une sorte d’extrémisme, qui s’il eut été repris par un journaliste occidental sur des sujets tels que les attentats de New-York ou de Londres, ou laguerreauterrorisme en un mot, auraient valu une condamnation unanime. Et une mise à l’écart, sans tarder ni sans appel.

Lorsqu’il y a quelques années, sous Eltsine, fut assassiné l’homme de télévision Listiev, probablement à l'initiative de Berezovsky, ce fut ressenti comme une grande perte, dans une émotion réelle et partagée par des dizaines de milliers de personnes. Ses funérailles avaient rassemblé une foule innombrable, et sa tombe reste quotidiennement fleurie.

Politkovskaya inspirait moins d’admiration que de suspicion, qui portait sur ses réelles motivations, ses éventuels mentors, et son goût du sensationnalisme.

Cet assassinat est une tragédie, et un coup sévère pour la société russe. Tellement sévère qu’il faut étendre, très largement, le champ de recherche des commanditaires.

Je douterais fort qu’ils puissent se trouver au Kremlin, qui avait tant à perdre dans cette agression.

Publicité
Publicité
forcément coupables
Publicité
Publicité